La tempête n’avait laissé que ruines et désolation dans Dreylorn. Les rues pavées, autrefois pleines d’activité, étaient désertes, à l’exception des plus démunis qui erraient entre les carcasses de maisons effondrées, cherchant le moindre reste de nourriture.
Les marchés étaient vides. Les greniers, pillés par la faim.
Et pourtant, les Eldoriens prospéraient encore.
Dans les quartiers marchands, des entrepôts pleins de vivres demeuraient soigneusement verrouillés, gardés par des mercenaires aux visages durs, vendus au plus offrant.
Kaelhor et Ilana observaient la scène depuis les hauteurs de la ville, à l’ombre des remparts ravagés par la tempête.
— Ils achètent, plutôt que de partager, murmura Ilana, les poings serrés.
Kaelhor, les bras croisés, fixait l’effervescence sous eux. Il voyait les Eldoriens peser les sacs de grain avec la froideur d’un marchand et la ruse d’un voleur.
— Ils suivent leurs lois. Personne ne leur a interdit de commercer.
Ilana tourna un regard furieux vers lui.
— Personne ne leur a interdit d’être humains, non plus.
Kaelhor soupira. Il savait ce qu’elle pensait, il savait ce qu’elle voulait faire.
— Si nous leur confisquons leur nourriture, ce sera la guerre.
— C’est déjà la guerre, Kaelhor. Une guerre où ils laissent mourir nos gens sous prétexte que leur bourse est plus légère.
Le silence s’installa entre eux. Le vent froid, soufflant des cendres encore humides, apportait avec lui l’odeur persistante de la pourriture et du désespoir.
Kaelhor finit par rompre le silence.
— Je vais les faire combattre.
Ilana cligna des yeux, ne comprenant pas immédiatement.
— Quoi ?
— La population. Je vais l’entraîner.
Elle rit, un rire sec et incrédule.
— Kaelhor, ce n’est pas le moment de lever une armée !
— C’est exactement le moment.
Ilana se tourna pleinement vers lui, les sourcils froncés, cherchant dans son regard une trace de doute.
Elle n’en trouva aucune.
— Tu veux enrôler les affamés ? Leur offrir une épée à la place d’un pain ?
Kaelhor planta son regard dans le sien.
— Non. Je vais leur offrir une épée contre un pain.
Ilana eut un mouvement de recul.
— Tu veux… acheter leur obéissance avec de la nourriture ?
Kaelhor ne broncha pas.
— Je veux les former. Pour qu’ils puissent se défendre, pour qu’ils puissent survivre à ce qui vient après cette famine. S’ils travaillent, s’ils apprennent, ils auront leur part.
— Tu ne les formes pas. Tu les rançonnes.
Kaelhor passa une main sur son visage fatigué.
— Ilana. Si nous leur donnons la nourriture sans rien exiger en retour, Dreylorn n’aura plus rien à offrir demain. Mais si nous transformons cette famine en une opportunité pour que notre peuple devienne fort… alors ils auront un avenir.
Ilana secoua la tête, son regard oscillant entre colère et incompréhension.
— Nous aurions pu confisquer les vivres aux Eldoriens, les répartir équitablement. Faire de cette crise un moment d’unité.
Kaelhor eut un sourire triste.
— L’unité… est une belle idée. Mais elle ne remplit pas les estomacs, Ilana.
Elle détourna le regard, fixant les lueurs tremblotantes des torches eldoriens en contrebas.
— Et moi qui pensais que nous avions appris de nos erreurs…
Kaelhor ne répondit pas.
Là, sous la lumière cruelle des étoiles, ils comprirent qu’ils ne verraient jamais Dreylorn du même œil.
Eldrastor n’était plus que l’ombre d’elle-même.
Les anciennes bâtisses, autrefois imprégnées de l’élégance lunarienne, étaient criblées de griffures, de plaies béantes laissées par les Dévoreurs. Partout, les rues témoignaient du passage des monstres : des cadavres calcinés, des façades éventrées, des armes brisées.
Seuls les Lunariens habitaient encore cette ville meurtrie.
Au cœur du sanctuaire lunaire, un cercle d’alchimistes s’affairait, traçant de mystérieuses runes sur le socle de pierre d’un géant endormi.
L’air vibrait d’une énergie ancienne. Un frémissement tellurique secoua l’assemblée.
Puis, il ouvrit les yeux.
Le premier golem d’Eldrastor était né.
Dans les hauteurs du temple, Syris observait son œuvre.
Le géant d'or se dressait au centre de la place, ses gravures luminescentes pulsant d’une lueur dorée. Il respirait, lentement, comme s’il s’éveillait d’un sommeil millénaire.
À ses côtés, Rhaegor Thal’Kyr, revêtu de son armure usée par le combat, croisait les bras, jaugeant le titan d’un regard froid.
— C’est donc cela, ton miracle ? demanda-t-il d’une voix rocailleuse.
Syris, vêtu de sa tunique noire aux symboles alchimiques, offrit un léger sourire.
— C’est un commencement.
Rhaegor ne semblait pas convaincu. Il tourna les yeux vers la ville en ruine.
— Alors fais-en usage. Nettoie cette terre souillée par les Dévoreurs. Et quand tu en auras fini, pars pour Valgor.
Syris haussa un sourcil.
— Valgor ?
— Les insurgés eldoriens ont pris la ville. Aethel veut restaurer l’ordre, mais il lui manque des hommes. Tu dois l’aider.
Syris passa une main sur le socle du golem. La pierre était tiède, vibrante.
— Les marais de Solvor grouillent encore de barbares…
— Alors purifie-les. Débarrasse-toi des derniers Dévoreurs de la ville, puis va prêter main forte à Valgor et enfin nettoie Solvor.
Syris ne répondit pas immédiatement.
Il posa une main sur le bras du golem. Une pulsation d’énergie parcourut la créature, comme une réponse à son appel.
Puis, il tourna lentement les yeux vers Rhaegor.
— Très bien.
Rhaegor lui tendit un médaillon frappé du sceau de l’Ordre.
— Que les dieux t’accompagnent.
Alors que la nuit tombait sur Eldrastor, les pas lourds du golem résonnaient sur les pierres meurtries de la cité.
L’alchimiste et son gardien marchaient vers leur destinée.
Raveloc était un champ de cendres et de fer.
Les fermes dévastées s’étendaient à perte de vue, les champs labourés non par des charrues, mais par le fer des pillards. Les survivants se terraient, cachés dans les ruines, priant pour que la tempête de sang qui s’annonçait les épargne cette fois.
Valhoryn arrivait depuis Dreylorn.
Son armure, encore marquée des éclats de la bataille contre le dragon, scintillait sous un ciel menaçant. Autour de lui, ses Shael’ir avançaient en silence, les lames dégainées, les regards acérés. Les pillards s’étaient accaparé ces terres, croyant pouvoir en faire leur repaire.
Ils allaient comprendre leur erreur.
Les barbares de Ravloc n’étaient pas des guerriers d’honneur.
Ils surgissaient des collines, crinières sauvages, torses nus et tatoués de runes anciennes. Ils combattaient avec une rage animale, utilisant des épées brisées, des haches volées, tout ce qui pouvait trancher la chair.
Mais Valhoryn n'était pas un simple soldat.
— Shael’ir, en formation !
Les guerriers d’élite de Shael'Thor sur leurs lions sacrés, se mirent en position, leurs boucliers formant un mur d’acier et de crocs. Valhoryn, en première ligne, croisa le regard du chef barbare : un colosse aux yeux injectés de haine, portant une corne sanglante à la ceinture.
— Tuez-les tous ! hurla le chef des pillards.
La bataille éclata comme une tempête d’acier et de sang.
Les Shael’ir tenaient leurs lignes, repoussant la charge barbare avec une discipline implacable. Les lions déchiquetaient l'assaut barbare laissant leur chef à la merci de Valhoryn. Le Shael'Ir novien, épée en main, se fraya un chemin parmi les corps hurlants, tranchant la chair comme du papier.
— Ravloc ne sera plus votre dépotoir ! tonna-t-il.
Sa lame rencontra celle du chef ennemi. Le choc fut brutal, une pluie d’étincelles jaillit. Les deux hommes s’affrontèrent dans une danse mortelle, chaque coup porté pouvant être le dernier.
Puis, Valhoryn feinta.
Un pas de côté, une torsion du poignet, et sa lame s’enfonça sous les côtes du pillard.
Le colosse s’effondra, les yeux écarquillés par l’incrédulité.
Sans leur chef, les barbares perdirent tout courage. Ceux qui n’avaient pas été massacrés fuirent comme des bêtes traquées, abandonnant Ravloc à son libérateur.
Avec Ravloc sécurisée, Valhoryn fit bâtir une mine.
Les plaines étaient riches, le fer abondait sous la terre. Les forgerons de Brillendal pourraient en tirer mille armes.
Mais lorsqu’ils creusèrent plus profondément… ils réveillèrent l’horreur.
Le sol trembla. Une brume noire s’échappa des entrailles de la terre.
Puis, ils surgirent.
Des morts-vivants, réanimés par une force maléfique enfouie depuis des siècles.
Leurs orbites vides luisaient d’un éclat spectral, leurs mains décharnées agrippaient les mineurs terrorisés.
— Reculez ! ordonna Valhoryn, tirant son épée.
Il avait cru avoir conquis Ravloc.
Mais c’était la terre elle-même qui allait le défier.
Les morts-vivants se ruèrent sur les survivants, les ongles semblables à des serres, hurlant dans une langue oubliée.
— Shael’ir, en cercle ! Protégez les civils !
Les soldats se rassemblèrent, formant une barrière humaine autour des mineurs tandis que les lions à peine repus de leur précédente bataille, devaient goûter la chair putride. Les lames fendaient l’air, décapitant les revenants, mais à chaque mort, deux autres se levaient.
Il fallait frapper à la source.
Valhoryn avança seul vers la brume noire.
Son instinct lui hurlait qu’au fond de la mine, quelque chose animait ces créatures.
Dans l’obscurité, il trouva un autel brisé, couvert d’ossements noircis.
— Un vestige d’Argone… murmura-t-il.
Il leva son épée.
L’acier sacré fendit l’air et frappa l’autel en son cœur.
Un cri inhumain retentit. La brume explosa, emportant les âmes maudites dans l’oubli.
Lorsque Valhoryn remonta à la surface, la bataille était terminée.
Les morts-vivants s’étaient effondrés, leurs âmes libérées.
Les survivants poussèrent un soupir de soulagement.
Mais Valhoryn savait que Ravloc portait une malédiction.
— Nous ne devons plus creuser aveuglément… déclara-t-il à ses hommes.
Alors, ils bâtirent une forteresse sur les ruines de l’autel, pour empêcher les ténèbres de renaître.
Et ainsi, Ravloc devint une place forte, un bastion contre les forces du mal.
Mais au fond de son cœur, Valhoryn savait qu’Argone n’avait pas dit son dernier mot.
Saison d’Irkay.
Les vents du désert portaient des parfums d’épices et de mystères. Brillendal scintillait sous l’aube dorée, ses hautes tours observant les plaines infinies de Shael’Thor comme des sentinelles immuables.
Ce matin-là, une étrangère franchit ses portes.
Elle avançait lentement, enveloppée d’un voile léger, comme si elle appartenait autant au vent qu’au sable.
Son nom était Adisha.
Et son regard était celui d’une femme ayant vu au-delà du temps.
Aethel, roi de Shael’Thor, se trouvait dans ses quartiers lorsque la nouvelle lui parvint.
— Une femme venue d’Aldonia ?
Il arqua un sourcil.
Peu d’Aldoniens s’aventuraient en Shael’Thor. Encore moins osaient prétendre s’entretenir avec lui.
Mais lorsqu’elle fut introduite dans le shael'Kaethryn, le silence s’installa de lui-même.
Elle était d’une beauté rare.
Ses cheveux blonds, aussi lumineux que l’or d’Irkay, cascadaient sur ses épaules, encadrant un visage délicat aux traits sculptés par le vent des dunes.
Ses yeux… d’un bleu perçant, irréel.
Aethel sentit un frisson le traverser. Jamais il n’avait vu de femme ainsi.
Elle s’inclina légèrement.
— Salutations, grand roi de Shael’Thor, dit-elle d’une voix douce, presque chantante.
Aethel observa l’étrangère avec méfiance.
— Qui es-tu ?
Elle sourit, un sourire empli de secrets.
— On m’appelle Adisha, conteuse des dunes.
— Et que viens-tu conter en ma cour ?
Son regard s’attarda sur lui, intense, troublant.
— Votre destin, Kael Rohn. Reprit-elle. Elle maitrisait les eusses et coutumes de la culture shael'sharienne.
Un frémissement parcourut l’assemblée.
Les shael'raan de Shael’Thor échangèrent des regards prudents. On ne jouait pas avec les fils du temps en présence d’un roi.
Mais Aethel resta immobile, le regard plongé dans celui d’Adisha.
— Et quel est ce destin ?
Elle s’approcha d’un pas, faisant scintiller les perles accrochées à son voile.
— Vous devez vous méfier des Eldoriens… car c’est d’eux que viendra votre ruine.
Aethel plissa les yeux.
— Je le sais déjà.
Un léger rire franchit les lèvres de la conteuse.
— Mais savez-vous… que vous devez survivre, coûte que coûte ?
Le roi sentit un poids lui écraser la poitrine.
— Survivre ? répéta-t-il.
Elle hocha la tête.
— Ils vous tueront sauf si vous vous éloignez d'eux, et ainsi vous connaîtrez votre fils.
L’assemblée entière retint son souffle.
Un fils.
Un avenir qui ne devait pas être brisé.
— Comment peux-tu savoir cela ? demanda Aethel, le ton plus dur.
Adisha leva une main délicate et désigna son propre regard.
— Parce que j’ai vu au-delà des sables, au-delà du temps…
Le silence pesait sur la salle du trône, aussi dense que le sable immobile sous le zénith d’Irkay. Aethel, figé dans son siège d’obsidienne et d’or, scrutait la mystérieuse conteuse des dunes. Adisha venait de lui révéler un destin qu’il n’aurait jamais pu imaginer.
Son regard, d’un bleu perçant, semblait sonder les fils invisibles du futur.
— Survivre… murmura le roi.
— Oui, répondit Adisha, avec une gravité qui fit frémir l’assemblée.
Elle fit un pas en avant, ses voiles dansant autour d’elle comme un mirage né du désert.
— Et pour assurer votre survie, il vous faut honorer Kaïros, le dieu du temps.
Aethel fronça les sourcils.
— Kaïros…
Le nom du dieu résonnait rarement en Shael’Thor. Les habitants priaient Shibaya pour sa fertilité & Irkay pour lutter contre Argone, mais Kaïros ? Le maître du temps, le tisseur des destinées…
— Pourquoi Kaïros ? demanda-t-il enfin.
Adisha s’arrêta devant le trône, si proche de l'oreille du roi qu’il pouvait sentir le parfum envoûtant des épices aldonniennes et shael'tharienne sur sa peau.
— Car c’est lui qui veille sur le fragile équilibre du monde. Il est le seul à pouvoir empêcher la tempête divine qui approche…
Aethel la dévisagea.
— Quelle tempête ?
Un sourire triste s’esquissa sur les lèvres de la conteuse.
— La grande guerre divine.
Un frisson parcourut l’assemblée.
Aethel se leva de son trône & croisa les bras.
— Explique-toi.
Adisha posa une main sur son cœur.
— Si vous ne survivez pas aux Eldoriens, alors la vengeance entre vos peuples ne prendra jamais fin.
Elle s’approcha un peu plus.
— Les dieux, en colère, pousseront les royaumes à s’entre-déchirer. Les noviens combattront les aldoniens dans une guerre sans fin, les lunariens seront invoqués par Argone, et les Eldoriens seront traqués par les Aetheliens & tous détruiront Aldonia dans une guerre sainte. Et en cette terre profanée, naîtra un nouvel âge de chaos.
Le roi resta silencieux.
— Les peuples marcheront vers Aldonia… pas pour la conquérir, mais pour y massacrer le roi qui s’y trouvera au nom des dieux & des vendettas personnelles. Le sang coulera sur l’autel du destin. Et alors, la guerre divine embrasera le monde.
Aethel inspira profondément.
Un monde en proie à la fureur des dieux…
Son regard s’assombrit.
— Et si je survis ?
Adisha sourit doucement.
— Alors le cycle de vengeance sera brisé. Il n’y aura plus de guerre sainte, plus de malédiction divine. Kaïros maintiendra l’équilibre… et l’ombre de la destruction s’éloignera.
Un silence pesant suivit ses paroles.
Aethel se leva lentement, le regard perdu dans ses pensées.
— Que dois-je faire ? demanda-t-il enfin.
Adisha s’inclina légèrement.
— Bâtissez un temple à Kaïros, à Elvas.
— Un temple ? s’étonna l’un des conseillers du roi.
Elle hocha la tête.
— Un sanctuaire en son honneur, pour que le temps ne dévore pas vos espoirs. Pour que votre destin soit tissé sous sa protection.
Aethel la fixa longuement, pesant chacun de ses mots.
Adisha se pencha légèrement vers lui, son souffle caressant à peine son oreille lorsqu’elle murmura :
— Il est vital que vous surviviez…
Un frisson lui parcourut l’échine.
— Car si vous tombez, Waryaume sombrera dans une guerre qu’aucun mortel ne pourra arrêter…
Les dieux eux-mêmes réclameront le sang des rois.
Le fracas des armes résonnait encore dans les ruelles ensanglantées de Valgor. Les pavés, maculés de boue et de sang, portaient la marque des combats acharnés entre les Drav’Karyn et les soldats eldoriens. Au milieu de cette désolation, Syris, l’alchimiste, se tenait fier aux côtés de son œuvre monumentale : un golem de pierre, titanesque et implacable, encore fumant des assauts qu’il avait menés.
Non loin de lui, Thaldris, l’ancien commandant de Valgor, essuyait son épée sur un pan de sa cape, observant le général ennemi avec un regard perçant.
Vaelor Drakens, le général eldorien, se tenait droit malgré sa défaite. Ses hommes gisaient en grand nombre autour de lui, et son armure, autrefois brillante, portait les stigmates du combat. Impuissant, mais pas brisé, il leva une main en signe de reddition.
— Cela suffit.
Les Drav’Karyn levèrent leurs armes, prêtes à abattre les derniers survivants. Mais d’un geste, Thaldris les arrêta.
Vaelor inspira profondément, posant un regard dur sur ses ennemis.
— Je demande une trêve. De nombreux eldoriens arriveront prochainement et une guerre s'ensuivra ce ne sera qu'une victoire d'un jour et non par Kaïros, une victoire éternelle que tu remporteras Thaldris !
Syris fronça les sourcils.
— Une trêve ? Après avoir tenté d’écraser Valgor sous votre poigne de fer ?
Le général eldorien hocha la tête.
— Nous avons sous-estimé vos forces, et ce golem... Son regard se porta sur l’imposante créature d'or. Nous ne voulons pas poursuivre une guerre vouée à la destruction de nos deux peuples.
Thaldris croisa les bras.
— Et que proposes-tu, Drakens ?
Le général s’avança d’un pas, fixant Thaldris dans les yeux.
— Je ne remettrai Valgor qu’au roi Aethel en personne.
Un murmure parcourut les rangs des guerriers Drav’Karyn.
— Nous voulons une négociation, pas une extermination. Nous accepterons la paix, mais seulement après nous être entretenus avec votre roi. Notre roi est attendu prochainement à Valgor avec une vaste armée.
Syris jeta un regard à Thaldris.
— Aethel doit être mis au courant…
Thaldris serra les poings, son regard brûlant de détermination.
— Alors je partirai pour Elvas. Il est temps que notre roi entende ce que les Eldoriens ont à dire.
Vaelor inclina la tête.
— Nous attendrons sa venue. Jusqu’à ce jour, Valgor reste sous contrôle eldorien, mais en paix.
Un silence pesant tomba sur le champ de bataille.
Puis, lentement, les armes furent abaissées.
La guerre s'arrêtait ici, mais la politique, elle, ne faisait que commencer.